Fondateur et responsable de l’hebdomadaire culturel L’Orient littéraire et culturel, ancien délégué permanent du Liban à l’UNESCO, ambassadeur du Liban aux Pays-Bas, puis au Maroc, secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères à Beyrouth puis de nouveau ambassadeur du Liban à La Haye, le poète et diplomate franco-libanais, Salah Stétié, a été élève de Louis Massignon à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et au Collège de France au début des années cinquante. Il a obtenu en 1995 le Grand Prix de la Francophonie, décerné par l’Académie française.
Témoignages :
« Je n’ai jamais été l’ami de Massignon, mais j’ai eu l’immense privilège d’être son élève. Un élève irrégulier au demeurant, mais fasciné, dans la timidité excessive qui était alors la mienne, par l’homme tout de noir habillé, mince comme un hidalgo, grand, les cheveux blancs, l’œil bleu très clair, assez dur, me semble-t-il, quand il n’était pas mouillé d’une mystérieuse tendresse, le verbe net si même souvent la voix était basse – un mélange curieux d’un « Monsieur » de Port Royal et d’on en sait quel Dom Juan mystique. J’aurais pu dire Dom Quichotte et il y avait du Quichotte chez l’extraordinaire gentilhomme dont je parle, rompeur de lance contre les moulins à vent, qui, hélas ne moulaient pas que du vent, qui, bien au contraire, moulaient des hommes qu’ils réduisaient en poudre et moulaient l’honneur de ces hommes qu’ils réduisaient en poussière . »
Salah Stétié in Jacques Keryell (dir.), Louis Massignon et ses contemporains, 1997, p. 259
« J’ai eu ce très grand privilège d’être l’élève de Louis Massignon à l’École pratique des Hautes Etudes et simultanément au Collège de France. Et je dois dire que ça a été dans ma vie une expérience déterminante, car Massignon n’était pas un professeur, Massignon était ce qu’il faut bien appeler un maître, c’est-à-dire qu’on avait l’impression, à son contact, qu’il avait les clés de la vie et, d’une certaine façon, les clés de la mort. Et que le contact avec Massignon était susceptible de transformer radicalement l’orientation d’une vie. Connaître Massignon, c’était d’une certaine façon se convertir. (…) À partir de ce point d’insertion, essentiel dans sa vie comme dans sa pensée, qu’était la sociologie musulmane, Massignon parlait de tout. Et en des termes tels que tout devenait nouveau, que tout devenait à la fois ténébreux et clair. Il avait ce don extraordinaire d’illuminer d’une manière très personnelle, très profonde, toutes les choses dont on parlait. »
Salah Stétié, Foi et traditions des chrétiens orientaux : « Hommage à Louis Massignon. Pionnier de l’œcuménisme », INA-RTF, 16 novembre 1969
Bibliographie :
Salah Stétié, « Fidélités et ambiguïtés libanaises » in Jacques Keryell (dir.), Louis Massignon et ses contemporains, Paris, Karthala, 1997, pp. 259-274
Foi et traditions des chrétiens orientaux : « Hommage à Louis Massignon. Pionnier de l’œcuménisme », ORTF, 16 novembre 1969
BM