Judah Leon Magnes, rabbin réformiste américain, parti, en 1922, s’installer par idéal en Palestine, est l’un des fondateurs de l’Université hébraïque de Jérusalem, en 1925, aux côtés d’Haïm Weizmann ou d’Albert Einstein. Cette université, dont il a été le premier chancelier puis le président, devait être le lieu de la coopération judéo-arabe. Louis Massignon l’a connu pour confier le legs de la bibliothèque de son maître, Ignaz Goldziher à cette institution.  Magnes, avec le  philosophe Martin Buber, autre « sioniste gandhiste » ami de Louis Massignon, a co-fondé, en 1942 , le parti politique Ihud (Unité), favorable à un État binational où Arabes et Juifs cohabiteraient « à égalité », vision que partage l’islamologue. 

Chaque année, les membres de la Badaliya sont appelés à jeûner pour la fête du Kippour, fête de l’Expiation, en union avec les juifs proches de l’Ihud « pour une vraie réconciliation fraternelle entre Isaac et Ismaël ».

Témoignage de Louis Massignon :

« Je me souviens de notre dernière entrevue à Jérusalem le 26 février. Sorti de Gethsémani sous des rafales de mitraillettes, traversant les chicanes et les barbelés, jusqu’au numéro 39 de l’Alfassy street. Et j’entends encore sa voix grave et calme me disant son désir passionné de la justice de Dieu, la brisure de son cœur devant l’idolâtrie matérialiste du sionisme colonialiste, sa conviction des catastrophes imminentes, car la loi d’Israël a toujours puni ses chefs prévaricateurs quand ils ont fait adorer par le peuple de Dieu les idoles de l’or et du sang. »

Témoignage chrétien, 5 novembre 1948, Ecrits Mémorables, I (1948), p.768


Bibliographie : 

Louis Massignon, « la mort du Judah Leib Magnes », Témoignage chrétien, 5 novembre 1948, Ecrits Mémorables, I,  p.768

BM