Sionisme

& Antisionisme

Louis Massignon est un savant et un croyant engagé dans le siècle, au sens où il a pris publiquement position sur de nombreuses questions politiques. Celle de son rapport au sionisme et à l’antisionisme est particulièrement complexe, ce qui implique d’adopter une démarche critique et distanciée, tout en veillant à re-contextualiser ses engagements

Résolument pro-sioniste à l’issue de la Première Guerre mondiale, il va basculer vers un antisionisme avéré, notamment au lendemain de la création de l’État d’Israël en 1948, synonyme d’expropriation et d’exil pour les réfugiés palestiniens dont il va devenir un ardent défenseur. Son combat en faveur de ces derniers rejoint ses engagements contre les injustices de la colonisation française au Maghreb. Qu’il n’y ait point de confusion : en aucun cas, Louis Massignon ne fustigera la légitimité et le droit au retour du peuple juif en Palestine après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah. En revanche, il s’insurgera contre l’appropriation exclusive et contre la partition de la Terre sainte qu’il idéalise comme « le jardin d’enfance de l’humanité réconciliée » et la « tunique sans couture de l’humanité », fidèle à sa vision abrahamique et eschatologique de l’histoire. 

De façon plus générale, force est d’observer que sa trajectoire – y compris de façon posthume – est émaillée de polémiques plus ou moins sulfureuses ou d’« accusations » récurrentes : espionnage, homosexualité, conversion/prosélytisme, syncrétisme, colonisation-décolonisation, et antisémitisme. En soi, rien de nouveau sur ce dernier point, puisqu’il a été taxé d’antisémite de son vivant, dès 1949, ce dont il s’est toujours défendu (cf. infra). Le sujet est grave et mérite une analyse approfondie. Tel est l’objectif du présent article qui se base pour une bonne part sur un chapitre de la dernière biographie dédié à ce personnage1.

Une spiritualité politique 

Au préalable, il est crucial de rappeler qu’outre le savant et Professeur au Collège de France, Louis Massignon est un mystique en quête du martyre, dans le sillage de l’un de ses mentors : Charles de Foucauld. Mais l’horizon du martyre reculant sans cesse, il décide de vivre autrement cette quête en devenant un homme de témoignage (étymologie de « martyre »). Ainsi, il faut considérer que son action sociale et politique est gouvernée par sa spiritualité mystique qui, de fait, est « métapolitique », au service de son idéal d’absolu. En découle souvent une certaine radicalité dans ses propos qui font plutôt de lui un visionnaire et non un diplomate mesuré. La foi est au centre de sa vie, comme elle est au centre du monde, si bien que se dessine en filigrane une forme de militantisme politico-mystique. Autrement dit, l’intellectuel catholique se forge un mode d’engagement en miroir de son sens du sacré : c’est là une véritable spiritualité politique. Ses actions en faveur des plus humbles s’inscrivent dans un élan globalisant, d’ordre spirituel et politique, les deux étant inextricablement liés, bien que l’un domine l’autre. En effet, ses valeurs religieuses sous-tendent toutes ses actions politiques. D’une certaine manière, son « tour de force » consiste à concilier des aspirations apparemment contradictoires, politiques, spirituelles et scientifiques.

Dans un article de 1952, il répond à la question que certains détracteurs posent : « Pourquoi cet orientaliste, historien de la mystique, s’est-il mis à s’occuper de politique2 ? » Il se justifie en invoquant le besoin de la participation, de « partager ensemble », et donc de l’hospitalité. Il assume de transposer sa lecture mystique à l’étude des phénomènes sociaux. 

Dans un autre article fondamental, il théorise cette conciliation en prônant la nécessité de faire coïncider le vœu intime de chacun avec sa vie publique : « La seule histoire d’une personne humaine, c’est l’émergence graduelle de son vœu secret à travers sa vie publique. En agissant ainsi, loin de le souiller, elle le purifie3. » Cette notion de vœu est capitale. Toute sa vie est ponctuée de vœux solennels, d’offrande, d’oblation, de sacrifice. Plus loin, il poursuit : « J’envisage les étapes de mon engagement d’homme, dans ma vie, non seulement privée mais publique, – d’ailleurs il me paraît très difficile de les distinguer […]4. » L’essentiel consiste à sortir du secret : « cette chose terrible », pour le rendre public. Ce serait un prérequis de l’accomplissement de tout individu, en vue de l’émergence du sujet en cohérence avec ses valeurs et aspirations profondes.

Au fil des années, de plus en plus d’engagements sociaux et politiques voient le jour. En plus de cercles strictement religieux, Louis Massignon déploie une vaste action sociale et associative, particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, dans le contexte des décolonisations à venir. De nombreux groupes et comités voient le jour auxquels il participe (revue Esprit) ou qu’il préside (Comité chrétien d’entente France Islam, France-Maghreb, Amis de Gandhi, Comité pour l’amnistie aux condamnés politiques d’outre-mer, etc.). Parmi les nombreuses causes qu’il défend, celle des réfugiés palestiniens occupe une place déterminante.

Du sionisme à l’antisionisme

Outre le fait d’avoir été dreyfusard dans sa jeunesse, ses premiers contacts avec le judaïsme remontent à son amitié avec Jean-Richard Bloch lors de leur service militaire, « lui encore passionnément juif, moi insuffisamment chrétien ». Deux de ses professeurs, Hartwig Derembourg (EPHE) et Sylvain Lévi (Collège de France) sont membres de l’Alliance israélite universelle, puis le jeune homme choisira l’islamologue Ignaz Goldziher, juif hongrois, comme mentor. Plus tard en 1917-18, il passe quelques mois en Terre sainte dans le cadre de la mise en œuvre des accords Sykes-Picot (en tant qu’adjoint de François-Georges Picot), et il apprend de la bouche de T.E Lawrence le rapprochement secret entre Lloyd George et Lord Rothschild, qui aboutit à la Déclaration Balfour en faveur de l’établissement d’un foyer juif, dans le sillage du sionisme théorisé par Théodore Herzl.

Les mois suivants, il côtoie des milieux sionistes, rencontrant par exemple Haïm Weizmann et Aaron Aaronsohn. Ce faisant, il visite des colonies et des fermes agricoles, le travail de la terre étant la base de la colonisation, reconnaît-il. Au début des années 1920, plusieurs de ses conférences portent sur le sionisme et l’islam, notamment à la Société française de sociologie5. Il s’y révèle pro-sioniste en affirmant qu’« il y a des milliers de gens qui se disent sionistes et qui n’ont pas oublié que leurs ancêtres ont été chassés de Palestine. Ils se souviennent de leurs morts, et cela suffit pour créer un droit à revenir près d’une tombe », avant d’ajouter : 

« Ni en Russie, ni en Pologne, ni en Roumanie, les Israélites ne sont vraiment chez eux et c’est leur dernière espérance qu’on leur retirera en luttant contre le sionisme. C’est vraiment trop facile de rester tranquillement chez soi parce qu’on y est bien, en disant aux autres de rester aussi tranquillement dans des endroits où on ne veut pas d’eux6! »

Cependant, il prône la légitimité partagée de la Terre sainte, envisagée comme un « bien commun » et préconise déjà un projet inclusif et son internationalisation sous contrôle européen. Il appelle à une « loyauté réciproque » entre les nouveaux et les anciens habitants de Palestine, tous héritiers d’Abraham, pour éviter les « conflagrations » et tout « dénouement fratricide ».

En 1925, il est le coauteur d’un Rapport sur le sionisme à destination du pape Pie XI en vue d’obtenir son soutien « pour les Juifs convertis au catholicisme qui souhaiteraient participer à l’œuvre commune de la résurrection d’Israël », selon l’historienne Agathe Mayeres qui poursuit : « Cependant, les procédés “colonisateurs”, le pouvoir détenu par des Ashkénazes parlant yiddish et non par des Séfarades arabophones, et surtout « l’athéisme affiché de nombreux dirigeants sionistes, allant à l’encontre des convictions religieuses des Arabes autochtones chrétiens et musulmans, provoquent peu à peu chez Massignon un revirement qui lui dicte à l’égard des Juifs des “propos excessifs” », et son pro-arabisme l’emporte7.

Un groupe judéo-chrétien (années 1930)

A la fin des années 1930, il fréquente des milieux judéo-chrétiens, notamment le mouvement ou Foyer judéo-catholique. Ce groupe composé de catholiques et de juifs, parfois convertis, à l’instar de l’animatrice principale, Élisabeth Belenson (d’origine juive ukrainienne), se forme en 1935-1936. Son objectif consiste est le « rapprochement non la conversion ». Sur ce point, je recommande la lecture d’un article instructif paru en 20028. Un tract de présentation du mouvement paru le 20 janvier 1938 dans La juste Parole (et/ou dans La question d’Israël le 15 février 1938) donne un aperçu plus précis des objectifs dudit groupe : « Faire connaître aux chrétiens les sources judaïques de leur christianisme, leur montrer le judaïsme et les juifs tels qu’ils sont en vérité, susciter la volonté de réparer les péchés de l’antisémitisme chrétien []9». La mention de l’antisémitisme comme « péché » est explicite. 

Ce groupe se réunit mensuellement et fait l’objet de causeries. L’article mentionné livre quelques transcriptions (sans savoir qui a pris les notes), prises sur le vif, sur le ton spontané des débats. Y participent Raïssa et Jacques Maritain, Isaac Pougatch, Camille Drevet (membre des Amis de Gandhi), l’abbé Jules Monchanin qui y introduit en 1938 son ami André Chouraqui.

C’est à ce dernier que le fils de Louis Massignon, Daniel Massignon, adressera une lettre importante en 1991 : « Il s’agissait d’un petit groupe d’amis qui se réunissaient soit chez Elizabeth Belenson, soit chez Maritain, soit chez Louis Massignon. Louis Massignon en était vice-président. Il en avait les archives et le fichier d’adresses, que ma mère dût enterrer au pied d’un arbre en Bretagne pour éviter que la Gestapo ne s’en saisisse10. » 

Par ailleurs, l’article de Françoise Jacquin cité plus haut relate une autre lettre importante de Louis Massignon au même André Chouraqui, co-fondateur de l’Amitié judéo-chrétienne, après la parution fin 1949 d’un article à charge de la part du père Paul Demann suspectant l’islamologue d’antijudaïsme, dans le bulletin de ce groupe : « Parlerons-nous alors d’antijudaïsme ? l’attitude de M. Massignon dans le passé nous l’interdit11. » Visiblement blessé et irrité, le 30 mars 1950, Louis Massignon écrit à André Chouraqui : « Vous savez que resté seul à Paris des dirigeants de l’Amitié judéo-chrétienne, je n’ai dû le salut qu’au courage de la secrétaire, Élisabeth Belenson qui a refusé de livrer mon nom lors des perquisitions qu’elle subissait avant d’aller se cacher près de La Salette. Ne pouviez-vous pas leur dire qu’“antijudaïsme” ne peut être accolé à mon nom ? Et que je n’ai jamais voulu débouter les Juifs de la Terre Sainte ? Weizmann sait bien le contraire, []12. »

Sous l’Occupation

Mais reprenons le fil chronologique : sous l’Occupation, lors de la Seconde Guerre mondiale, Louis Massignon intervient en faveur de plusieurs intellectuels juifs, dont Georges Vajda13, en leur faisant bénéficier de filières pour passer en zone libre, ou en leur donnant un peu d’argent mais le ministère a suspendu son salaire parce qu’il refuse de prêter « serment » à Vichy et au maréchal Pétain14. Il essaye aussi d’intercéder, en vain, pour libérer des membres du groupe du Musée de l’Homme, notamment Claude Bourdet et Germaine Tillion15. Pour préparer son élection au Collège de France, le sociologue Maurice Halbwachs lui rend visite en 1943 et note : « Je l’ai trouvé, un jour, bouleversé, parce qu’il venait de voir une juive (étudiante) dont le mari avait été arrêté par les Allemands16. » L’année suivante, à peine élu, il sera déporté à Buchenwald. Toutefois, il est vrai que Louis Massignon évoque rarement la Shoah, cet « atroce génocide hitlérien » comme il la nomme17. Dans la correspondance Claudel-Massignon, une lettre de Louis Massignon du 3 janvier 1944 évoque « les diaboliques agissements de l’Exterminateur acculé18» en qui l’on peut deviner la figure d’Adolf Hitler.

Contre la partition de la Terre sainte

Après-guerre, le projet sioniste d’un « retour » de grande ampleur en Palestine se précise, sous la houlette de l’ONU. Massignon est d’ailleurs favorable à ce que cette nouvelle institution siège, non pas à New York, mais à Jérusalem qui devrait être sa « métropole planétaire ». Mais c’est bien à New York que, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale vote un plan de partage de la Palestine, avec l’aval des grandes puissances, dont la France, mais pas de la Grande-Bretagne. Bien que jamais mis en œuvre, ce plan prévoit trois entités : un État juif, un État arabe et un corpus separatum pour Jérusalem, ses alentours et Bethléem, placés sous contrôle international. 

Salué du côté juif, ce plan est aussitôt rejeté côté arabe. Louis Massignon, lui, le considère « irréalisable », y voyant un crime, pire, un sacrilège. Dans Témoignage Chrétien du 12 décembre 1948, il qualifie ce projet de partage d’« impolitique » et d’« impie », après celui de l’Inde. Pour lui, la Terre sainte « ne devrait pas être un objet de partage entre privilégiés, mais la tunique sans couture de la réconciliation mondiale, un lieu d’intime mélange entre tous19». 

Dès le 30 novembre, la Palestine mandataire devient l’arène d’une guerre civile entre Palestiniens arabes et organisations armées juives, ponctuée d’une série de massacres d’un bord et de l’autre. Deux nationalismes s’affrontent dans le sang. Il en est le témoin direct, comme ce 26 février 1948, en quittant le sanctuaire de Gethsémani : « A peine sorti de cette olivaie, parsemée de violettes, je tombais en pleine fusillade judéo-arabe, menée avec grande haine réciproque20. »

Une première phase est marquée par l’intensification des combats et la participation de régiments arabes, ce qui met les forces juives sur la défensive. Mais une seconde phase voit ces dernières, mieux équipées et mieux organisées, prendre l’ascendant. Il est désormais établi que le tour de force est d’avoir su convertir des groupes paramilitaires clandestins en une véritable armée. Ces troupes gagnent et conquièrent plus de territoires que ne prévoit le plan de l’ONU, provoquant un premier exode de Palestiniens. 

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame à Tel Aviv la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, ce qui met fin au mandat britannique. C’est la Nakba (« catastrophe », en arabe). S’ensuit dès le lendemain, une réaction armée d’états arabes voisins (Égypte, Jordanie, Syrie, Irak) : c’est la première guerre israélo-arabe. La prise de Nazareth, le 17 juillet, bien que relevant de la partie palestinienne selon l’ONU, met Louis Massignon hors de lui. L’assassinat en septembre, probablement par le Groupe Stern, du comte Folke Bernadotte, médiateur des Nations Unies pour l’internationalisation de Jérusalem, continue de noircir l’horizon d’un dénouement pacifique. 

Pour Louis Massignon, la Terre sainte qui devrait être le « jardin d’enfance de l’humanité réconciliée », se voit soudainement confisquée par l’État d’Israël, tout en percevant cependant, il faut le préciser, un dessein divin dans le retour d’Israël biblique en Palestine : « Ce retour des Hébreux en Terre sainte indique de façon très nette que la paix du monde dépend d’Israël et comme l’avait dit profondément un véritable prophète, Léon Bloy, le salut du monde dépend des Juifs, il n’y a pas de doute21. »

Pour l’internationalisation des Lieux Saints

Depuis les années 1920, il est favorable à l’internationalisation des Lieux Saints sous contrôle européen. Dans la presse et en public, il défend leur « supranationalité », fidèle au rôle de la France censée en assurer la protection depuis des siècles. Cette internationalisation est aussi la position du Vatican, ce que confirme l’encyclique pontificale du 24 octobre 1948 qui conforte grandement Louis Massignon. A ses yeux, le projet politique de l’ONU manque cruellement d’une vision spirituelle : 

« Les Américains proposent un contrôle international, mais il faudrait une spiritualité qui fût digne de ce contrôle. Où pouvons-nous la trouver, sinon dans Abraham ? Personnalité actuelle, personnalité-type qui nous montre dans quel esprit on vient en Terre sainte, et dans quel esprit elle nous est donnée : pèlerin, il a besoin de l’aumône, il vit, étranger, de l’hospitalité22. »

Il condamne la « westphalisation » des rapports internationaux et regrette que pour nombre de leaders politiques, la Terre sainte ne soit « qu’un objet de trocs et de trucs ». 

Sa lecture spirituelle de l’histoire du monde a forgé cette représentation de la Terre sainte comme jardin d’enfance de l’humanité. Or, à ses yeux, la création de l’État d’Israël entraverait sa perspective abrahamique, si bien qu’il condamne fermement une politique « qui consiste à diviser pour mieux régner, au lieu de réconcilier23».

Dans sa perspective eschatologique, Jérusalem sera le lieu de la réconciliation finale de l’humanité. « Les Musulmans croient profondément à la fin des temps, et, à la fin des temps, la Ka’ba ne doit plus être à La Mecque, mais doit être transférée à Jérusalem24 », énonce-t-il dès 1921, pour asseoir la centralité spirituelle et métapolitique de la cité sainte. En outre, il rappelle à l’envi, ce qui est largement ignoré, que Jérusalem (Al-Quds) fut la première qibla de l’islam, avant que le Prophète Mohammed ne choisisse la Kaaba à La Mecque. 

Le devoir d’hospitalité envers les réfugiés palestiniens

L’armistice de Rhodes est signé le 24 février 1949. Le jeune État d’Israël possède des frontières plus étendues que ne le prévoyait l’ONU. La Cisjordanie est rattachée à la Jordanie et Gaza devient un mandat égyptien. La conséquence du conflit est un exode massif de plusieurs centaines de milliers de Palestiniens, spoliés de leurs terres. L’United Nation Relief and Works Administration est créée pour venir en aide aux réfugiés. Massignon est en première ligne. Pour lui, cette question est « comme une pierre au cou de tous les hommes politiques25. » 

Il prend le parti de toutes les Displaced Persons, des populations arabes chassées de Nazareth, Lod, Safed, Jaffa ou Acre, mais aussi des juifs de l’Exodus en 1947. Ce qui compte est de « ne pas abuser des réfugiés, pour en faire des otages politiques, ce qui est un sacrilège26». Il estime que le devoir d’hospitalité et le droit d’asile – honteusement bafoués – devraient servir de socle au droit international : « Le problème de l’hospitalité domine toute la question de la paix dans la justice. Tant que nous ne traiterons pas les personnes déplacées comme des hôtes de Dieu, nous ne trouverons pas de solution27. » 

Fidèle à ses convictions, il convoque, dans un important article de juin 1952, la geste abrahamique pour sauver les relations internationales : 

« Je tiens beaucoup à aller là : c’est la tombe d’Abraham, le patriarche des croyants, juifs, chrétiens et musulmans, et c’est aussi le premier héros de l’hospitalité, du droit d’asile. […] Je pense que les problèmes du début de l’humanité sont ceux qui se poseront à la fin, spécialement celui du caractère sacré du droit d’asile et celui du respect de l’étranger28. »

L’accusation d’antisémitisme

Comme d’autres intellectuels catholiques, il entretient des rapports ambigus avec le judaïsme, si bien qu’il a parfois été accusé d’antisémitisme à cause de ses positions radicales envers l’État d’Israël. Face à cette accusation grave, il faut sans doute faire valoir l’indéniable philosémitisme qui l’anime, au point d’avoir œuvré toute sa vie pour la sémitisation des âmes, en écho à la sentence de Pie XI prononcée en 1938 à Bruxelles : « Spirituellement, nous sommes tous des Sémites. » Louis Massignon se présente même comme « sémitisant » et n’a de cesse de promouvoir l’abrahamisme. Dans une émission radiodiffusée, il se défend : « Je passe souvent pour antisémite et je ne le suis pas du tout29. »  Il ne peut pas l’être car il croit fermement à la préséance de l’Israël biblique dans sa conception théologique (et téléologique) de l’histoire. Par contre, il devient un fervent adversaire du sionisme, ce nationalisme qu’il considère comme athée et évidé de la sève du sacré.

Un retour en arrière s’impose pour cerner son évolution. De pro-sioniste au début des années 1920, il fait preuve de défiance la décennie suivante, conséquence de la colonisation progressive à l’encontre des Palestiniens, chrétiens et musulmans, dans ce qui est selon lui une accélération techniciste et athée qu’il récuse. Dans un article paru dans Temps présent en 1938, il exprime : « La Terre sainte doit être pour tous, et ne plus appartenir exclusivement à Israël (en dépit de la jalousie des sionistes révisionnistes)30. » 

Un pic d’hostilité est atteint la même année et il ira jusqu’à reconnaître, il est vrai, une « crise d’antisémitisme » comme en témoignent certaines lettres à Maritain et à Monteil31, crise dont il se repend dans sa correspondance avec Mary Kahîl : « Les intrigues des réfugiés juifs en France m’ont fait passer par une crise d’antisémitisme où je me suis disputé avec les Maritain et Georges Cattaui. Je me suis rasséréné mais ils doivent m’en garder quelque amertume32. »

Effectivement, des extraits de sa correspondance avec Jacques Maritain, récemment publiée, contiennent des propos clairement hostiles tenus en 1938 envers les juifs d’Europe de l’Est réfugiés en France (au « sang d’une toxicité certaine33 »). Mais il est important de considérer qu’ils ont été tenus avant la Shoah et n’ont par conséquent pas le même sens, ni la même charge mortifère qu’aujourd’hui. De plus, il s’agit de propos privés distillés dans sa correspondance et non d’une prise de position destinée à être publique. Cette « crise » qu’il regrettera sera balayée par la guerre. Il s’en défend d’ailleurs lui-même comme l’atteste par exemple la lettre citée du 30 mars 1950 à André Chouraqui.

L’antisionisme de Louis Massignon 

Point de doute par contre sur le fait que Louis Massignon est antisioniste et le devient de plus en plus. Du moment que les Palestiniens arabes sont brimés, il se fait leur avocat et plaide sans relâche pour leurs droits, au même titre qu’il défend ceux des Nord-Africains face aux dérives de la colonisation. En un sens, il considère légitime le droit au retour après la Shoah, dans une logique d’espérance propre au judaïsme34. Mais il y aurait selon lui un dévoiement du sionisme originel, devenu un rouleau-compresseur de colonisation écrasant les populations locales : « C’est parce que les représentants de la chrétienté qui avaient mandat de la Palestine ont considéré le problème palestinien comme une antenne du colonialisme, que nous nous trouvons tout naturellement devant une interprétation totalitaire de la réinstallation d’Israël dans la terre qui lui a été promise », écrit-il en 194835

Pour lui, le sionisme est un colonialisme, sans égard pour les autochtones ni respect dû à l’hôte qui reçoit : « A quoi bon travailler avec les techniques les plus puissantes à construire une maison, si on la place au milieu de voisins que cette nouvelle construction inquiète et que l’on ignore au lieu de chercher à se les concilier36. » Il s’insurge à la fois contre l’« hypercolonialisme » de l’État d’Israël et ce qu’il appelle le « terrorisme sioniste » (Haganah, Irgoun, Groupe Stern). 

Mais il souffre de la solitude de son engagement parmi les intellectuels. Ses positions le coupent d’amis catholiques pro-sionistes, tels Jacques Maritain, Georges Cattaui et surtout Paul Claudel. C’est à la suite d’un article d’André Chouraqui sur les positions de Claudel, dans Le Monde du 3 avril 1952, que Louis Massignon adresse une lettre véhémente à ce dernier : « J’ai pris connaissance, avec une douleur poignante, du projet de transaction de Turelure pour la vente des Lieux Saints à Israël, contre sa prise en charge de la restauration du St Sépulcre, son “tombeau du mamzer, du bâtard”. Je me ferai tuer pour empêcher cette transaction. » Paul Claudel est outré et ne lui pardonnera jamais et note : « Cette lettre marque ma rupture définitive avec M. l’abbé Louis Massignon. 25 avril 1952. P. Claudel37. » Leur relation est bel et bien consommée, malgré quelques lettres ultérieures38.

Pour la réconciliation en Palestine

Parallèlement l’orientaliste entretient cependant une grande amitié avec plusieurs personnalités juives pro-réconciliation, à l’instar du rabbin américain Judah Magnes, lequel a joué un rôle clé dans la fondation de l’Université Hébraïque de Jérusalem en 1925, au même titre qu’Haïm Weizmann ou Albert Einstein. Dès 1925, il est aussi le cofondateur du groupe Brit Shalom (alliance de paix), avec Martin Buber, Hugo Bergman et Gershom Sholem (tous futurs professeurs à l’UHJ). Massignon a connu Judah Magnes pour faire léguer à cette institution la bibliothèque de son maître, Ignaz Goldziher. Pour Judah Magnes, cette université dont il a été le premier chancelier puis le président, devait être le lieu de la coopération judéo-arabe. Partisan d’une entente symbiotique, il est l’un des fondateurs en 1942 du parti politique sioniste Ihud (Unité), favorable à un état binational où arabes et juifs cohabiteraient « à égalité », souligne souvent Louis Massignon. Car le rabbin américain est omniprésent dans ses textes sur la Palestine. En 1948, le Français relaie par exemple son appel du 21 août :

« Il faut autoriser les Arabes qui ont fui (de l’État) d’Israël à rentrer dans leurs demeures sans aucun délai. Jamais on ne devrait traiter des réfugiés comme des otages politiques. Il est déplorable, que dis-je, incroyable, qu’après ce que les Juifs d’Europe ont subi, un problème de personnes déplacées “arabes” soit créé en Terre sainte39. »

C’est du Massignon dans le texte. Judah Magnes meurt peu de temps après à Brooklyn, et Louis Massignon lui rend d’ailleurs un vibrant hommage dans Témoignage Chrétien40. Il va même demander un office liturgique en sa mémoire à la synagogue de la rue Copernic à Paris, fin 194841.

Il se rapproche aussitôt de Martin Buber, qu’il a connu au cercle Eranos à Ascona en Suisse, également fondateur du parti Ihud. Ce philosophe juif d’origine autrichienne, vit à Jérusalem depuis 1938 et est aussi partisan d’une solution binationale42

Chaque année, les membres de la Badaliya sont appelés à jeûner pour la fête du Kippour, fête de l’Expiation, en union avec les juifs proches de l’Ihud « pour une vraie réconciliation fraternelle entre Isaac et Ismaël ». Et Louis Massignon d’ajouter : « Prions pour que les meilleurs Sionistes, conscients de l’“encerclement” où les condamne une politique d’enclave agressive et colonialiste en Asie, cherche la Paix de Dieu pour vivre en paix avec les hommes43. » 

La révision du « procès » de Marie

Enfin, avant de conclure sur ce volet à entrées multiples, retenons que Louis Massignon offre une posture ambivalente et paradoxale. Il faut aussi ajouter une clé de lecture plus spirituelle que politique. D’une part, tout en étant franchement antisioniste, il demeure très attaché à la mission biblique d’Israël qu’il distingue catégoriquement de l’État hébreu. Israël joue un rôle primordial dans le plan divin : « Ce retour des Hébreux en Terre sainte indique de façon très nette que la paix dans le monde dépend d’Israël et comme l’avait dit profondément un véritable prophète, Léon Bloy, “le salut du monde dépend des Juifs”, il n’y a pas de doute44. » En un sens mystique, Israël – que Bloy associe au bois de la croix – a été la condition de l’avènement de Jésus qui était juif. 

D’autre part, Massignon ne peut admettre – toujours sur le plan religieux et non pas politique – que la Vierge Marie soit considérée dans certaines pages du Talmud comme une femme adultère, et Jésus comme un bâtard illégitime (mamzer). N’y voyant que « calomnies grossières », il demande la révision du « procès de Marie ». Au moment de la prise de Nazareth, n’écrit-il pas :

« A la grande surprise de certains de mes amis sionistes qui s’imaginaient – ce qui est vrai – que je soutenais leurs revendications légitimes, j’ai exprimé que tant qu’Israël n’aurait pas reconnu que la Sainte Vierge était une vierge et non pas une mauvaise femme, je préférais qu’ils ne soient pas en possession de Nazareth, car cela ne me semblait pas convenable45. »

Allant plus loin, il faut, selon lui, qu’« Israël, la reconnaissant enfin comme la Gloire de Sion, rejoigne cette unanimité tant désirée46 ». En cela, il demeure avant tout chrétien, fidèle à Marie « qui “réincorporera” Israël dans le vrai Temple, qui est le Christ47 ». Le problème reste entier. Toutefois, la lecture du roman Le Dernier des Justes d’André Schwartz-Bart, relatant l’histoire d’une famille juive persécutée du temps des croisades à la Shoah et récompensé par le prix Goncourt en 1959, bouleverse le vieil homme et ravive son espérance mystique en Israël48.

Conclusions 

L’objectif de cet article est de mettre en lumière le rapport complexe et ambigu de Louis Massignon à Israël biblique, à l’État d’Israël et au sionisme. C’est un sujet sensible et complexe, à l’image du personnage, par bien des aspects, insaisissable. Toutefois, il ne faut certainement pas lire et comprendre son attitude – aussi contradictoire puisse-t-elle paraître – comme exclusive ou excluante vis-à-vis des juifs et d’Israël. Citons d’ailleurs Louis Massignon qui fait montre d’une position inclusive en affirmant que « l’intérêt pour l’islam n’exclut pas le judaïsme, mais bien au contraire l’inclut49 », selon l’abrahamisme dont il est l’une des figures de proue.

Plus largement, il est crucial de garder du recul pour ne pas verser dans une relecture dangereusement réductrice et simplificatrice de l’Histoire comme de la vie d’un homme. Les pages qui précèdent démontrent combien politique et mystique sont intriqués chez Louis Massignon, entrelacés même, si bien qu’il est parfois difficile de les détresser. Il est fondamental d’en tenir compte lorsqu’on souhaite comprendre au plus près ce type de personnage hors du commun50.

 En 2020, une polémique est née à la suite d’une contribution à charge sur la page Wikipédia de Louis Massignon, qui en dressait un portrait au vitriol, sans nuance et sous référencé, le présentant comme ouvertement antisémite. La page concernée a été rectifiée et complétée afin de faire le point sur un sujet si sensible, surtout à l’ère des réseaux sociaux. Le présent article s’inscrit également dans une démarche de clarification qui consiste à comprendre l’individu dans sa globalité et dans sa complexité, en le contextualisant dans son époque.

Manoël Pénicaud, Anthropologue, chargé de recherche au CNRS, IDEMEC, Aix-Marseille Université  


Bibliographie

Paul Claudel – Louis Massignon. Correspondance (1908-1953), Gallimard, 2012 

Jean Amrouche, « Des idées et des hommes », INA –RTF, 15 octobre 1955

Dominique Bourel, «  Six lettres de Louis Massignon à Martin Buber» Pardes, 1985, pp. 173-181

Dominique Bourel, « Louis Massignon face à Israël », Louis Massignon et le dialogue des cultures, Cerf, 1996, pp. 293-305 ; réédition d’un article paru dans Mystique en Dialogue, Albin Michel, 1992, lui-même issu de la conférence de l’auteur au colloque de l’UNESCO en 1992.

Dominique Bourel, Martin Buber: Sentinelle de l’humanité, Paris, Albin Michel, 2015

Dominique Bourel, « Louis Massignon et l’orientalisme », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 15, 2004, pp. 53-55, au sujet du colloque tenu à Jérusalem et à Naplouse du 30 mai au 1er juin 2004.

Paul Demann, « M. Massignon et les Juifs », L’Amitié judéo-chrétienne, 3-4, décembre 1949 

Christian Destremau et Jean Moncelon, Louis Massignon, « le cheikh admirable », Plon, 1994. 

François Jacquin, « Louis Massignon et le  groupe judéo-catholique (1936-1938) », Bulletins de l’Association des amis de Louis Massignon (BAALM), 2002, 12, pp. 22-31

Jacques Keryell (dir.), Louis Massignon et ses contemporains, Khartala, 1997 

David Lazar, « Louis Massignon, le sionisme et l’Etat d’Israël », in Denis Charbit (dir.), Les intellectuels français et Israël, Les Editions de l’Eclat, 2009, pp. 81-96

Jacques Maritain et Louis Massignon, Correspondance, Desclée de Brouwer, 2020

Daniel Massignon, Lettre à André Chouraqui du 12 juillet 1991, Bulletins de l’Association des amis de Louis Massignon (BAALM), 20, 2007, pp.133-138

Louis Massignon, L’Hospitalité sacrée, textes inédits présentés par Jacques Keryell, La Nouvelle Cité, 1987.

Louis Massignon, « Le vœu et le destin », EM, I, (1956), pp. 18-32 ; « L’Occident devant l’Orient », EM, I, (1952), pp. 58-73 ; « Le sionisme et l’islam », EM, I (1921), pp. 699-717 ; « La paix dans la justice en Palestine », EM, I (1949), pp. 719-733 ; « La Palestine et la Paix dans la justice », EM, I (1948) pp. 733-742 ; « Ce qu’est la Terre sainte pour les communautés humaines qui demandent justice », EM, I, (1948) pp. 746-760 ; « Les lieux saints doivent rester aux croyants », EM, I, (1948), pp. 765-770 ; « Réponse à un ami musulman », EM, II, (1947), pp. 5-26

Louis Massignon, Badaliya. Au nom de l’autre (1947-1962), textes rassemblés et annotés par M. Borrmans et F. Jacquin, Cerf, 2011. 

Agathe Mayeres, « Massignon face au sionisme », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 20,‎ 2009.

Manoël Pénicaud, Louis Massignon. Le « catholique musulman », Bayard, 2020.

  1. Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le « catholique musulman », Paris, Bayard, 2020, 431p.
  2. « L’Occident devant l’Orient », EM, I, (1952), p. 58
  3. « Le vœu et le destin », EM, I, (1956), p. 21
  4. Ibid., p. 19
  5. « Le sionisme et l’islam », EM, I (1921), pp. 708-710
  6. Ibid., pp. 708-710
  7. Agathe Mayeres, « Massignon face au sionisme », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, no 20,‎ 2009
  8. Françoise Jacquin, « Louis Massignon et le Groupe judéo-catholique (1936-1938), BAALM, 12, 2002, pp. 22-31 (voir PJ).
  9. Ibid. p. 22.
  10. Lettre à André Chouraqui du 12 juillet 1991, BAALM, 20, 2007, pp. 133-138.
  11. Paul Demann, « M. Massignon et les Juifs », L’Amitié judéo-chrétienne, 3-4, décembre 1949, p. 9.
  12. Lettre du 30 mars 1950 de Louis Massignon à André Chouraqui, dans F. Jacquin, 2002, p. 31
  13. Sur cette question de l’aide apportée à Georges Vajda par Louis Massignon, voir l’article de Dominique Bourel « Louis Massignon face à Israël », 1992 (et sa réédition en 1996).
  14. Daniel Massignon, Lettre à André Chouraqui du 12 juillet 1991, BAALM, 20, 2007, pp.133-138
  15. BAALM, 18, 2008
  16. EM, I, p. 695. Voir Maurice Halbwachs, « Ma campagne au Collège de France », Revue d’histoire des sciences humaines, 1999/1, 1, pp ; 189-228
  17. Badaliya, 2011, p. 287 : « Morts juifs d’Andalousie, Marranes, pareillement “convertis” et torturés par nous épouvantablement dans leurs corps et leurs consciences, dispersés en Europe, puis ressaisis par l’atroce génocide hitlérien… »
  18. Correspondance, p. 415
  19. « La Palestine et la Paix dans la justice », EM, I, (1948), p. 736
  20. Ibid., p. 735
  21. « La Paix dans la justice en Palestine », EM, I, (1949), p. 728.
  22. Ibid., p. 721
  23. Ibid., p. 720
  24. « Le Sionisme et l’Islam », p. 713
  25. « La Paix dans la justice en Palestine », p. 720
  26. « La Palestine et la Paix dans la justice », p. 735
  27. « La Paix dans la justice en Palestine », p. 723
  28. « L’Occident devant l’Orient », EM, I, p. 68
  29. Extrait de l’émission radiophonique de Jean Amrouche, « Des idées et des hommes », RTF, 15 octobre 1955.
  30. EM, I, p. 695
  31. L’Hospitalité sacrée, p. 207 ; C. Destremau, « La question juive, l’État d’Israël » ; Jacques Keryell (dir.), Louis Massignon et ses contemporains, Khartala, 1997, p. 293.
  32. L’hospitalité sacrée, 1987, p. 207
  33. Lettre du 8 décembre 1938, Maritain-Massignon, Desclée de Brouwer, 2020, pp. 613-616
  34. En effet, Louis Massignon relie les trois vertus théologales aux trois monothéismes : l’espérance au judaïsme, la foi à l’islam et la charité au christianisme.
  35. « La paix dans la justice en Palestine », p. 720
  36. « La Palestine et la Paix dans la justice », p. 736
  37. Lettre à Paul Claudel du 23 avril 1952, Correspondance (1908-1953), p. 455. L’appellation acerbe d’« abbé » date de l’ordination de Massignon qui a irrité Claudel.
  38. De sérieuses dissensions avaient éclaté dès la Guerre d’Espagne, Claudel soutenant le général Franco, puis le maréchal Pétain sous l’occupation.
  39. « La Palestine et la Paix dans la justice », p. 742
  40. EM, I, (1948), p. 768
  41. Voir Lettre de Louis Massignon à Martin Buber du 23 septembre 1953, Dominique Bourel, Pardes, 1985, p. 178.
  42. Voir Dominique Bourel, Martin Buber : Sentinelle de l’humanité, Albin Michel, 2015.
  43. Badaliya, p. 176
  44. « La Paix dans la justice en Palestine », p. 728
  45. EM, II, (1947), p. 19
  46. Lettre XV des Amis d’Éphèse et d’Anne-Catherine Emmerick, juin 1962
  47. « Ce qu’est la Terre sainte pour les communautés humaines qui demandent justice », EM, I, (1948) p. 754
  48. EM, I, p. 696 ; Dominique Bourel, 1996, p. 303
  49. Cité par Dominique Bourel, 1996 , p. 293.
  50. Pour saisir les différentes facettes consubstantielles qui constituent la vie de Louis Massignon et pour rendre compte de sa complexité structurelle, voir la biographie qui lui a été dédiée : Louis Massignon. Le « catholique musulman », Bayard, 2020.