Louis Massignon a participé aux deux guerres mondiales comme militaire et comme chargé de mission diplomatique en vertu de son expertise sur la « Question d’Orient ».

Jeune homme, il fait son service militaire en 1902-1903, bénéficiant du statut de « dispensés » pour études supérieures. Mobilisé sous les drapeaux en 1914, il incorpore le service de presse du Ministère des Affaires Étrangères, étant anglophone et arabophone. Puis, il rejoint le front d’Orient où il est affecté à l’état-major. Sur le conseil de Charles de Foucauld, il demande à passer dans l’infanterie coloniale et endure les combats en Macédoine où il reçoit la Croix de guerre. En 1917, il devient adjoint de François-Georges Picot en charge de la mise en œuvre des accords Sykes-Picot au Moyen-Orient. Cette expérience le conduit à rencontrer Thomas E. Lawrence aux côtés duquel il entre dans Jérusalem le 11 décembre. Il acquiert ainsi une solide expérience diplomatique qui le conduira à participer activement après-guerre à l’accord entre Georges Clémenceau et Fayçal. Puis, ses activités universitaires reprennent le dessus, bien qu’il soit régulièrement missionné par le Quai d’Orsay pour effectuer des missions d’expertise (Syrie, Maroc, Algérie…). Ces activités lui ont souvent valu la réputation caricaturale d’espion, alors qu’elles furent  strictement menées dans le cadre de son statut d’universitaire et de spécialiste.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, à 56 ans, il est affecté à l’état-major des Armées et accompagne à Bordeaux la débâcle de juin 1940 avec le secrétariat à l’Outre-Mer. Il veut rejoindre la base arrière de l’Afrique du Nord, mais le général Weygand s’y oppose. Il est finalement démobilisé avant de rejoindre Paris. Il reprend ses enseignements universitaires et ses recherches sous l’Occupation, tout en subissant plusieurs descentes de la Gestapo à partir de 1941. Il est indirectement lié à des réseaux résistants, à l’instar du groupe du Musée de l’Homme auquel appartient son ancienne étudiante Germaine Tillion. Après-guerre, le général de Gaulle le chargera d’une importante et longue mission de reprise de contact et de relance des échanges culturels avec de nombreux pays de de l’Égypte à l’Inde. Il est désormais pourvu d’un passeport diplomatique qui facilitera ses voyages en Orient 

Le militaire et le diplomate

1902-1903 / Service militaire à Rouen, à la caserne Hatry, et au camp de Mailly (Aube). Y lie de durables amitiés avec Jean-Richard Bloch, Roger Martin du Gard, André Siegfried.

1914 / (1er août) :  Mobilisation générale.

(Septembre) : Accompagne, à Bordeaux, le repli du gouvernement français. Travaille au service de presse du Ministère des Affaires Étrangères. Rencontre Paul Morand, Jean Giraudoux, Philippe Berthelot.

1915 / (août) : Muté, comme interprète de l’anglais, dans l’île de Ténédos.

(décembre) : Affecté à l’état-major sur le site des Dardanelles.

1916 / (octobre) : Demande à passer dans la troupe. Arrivée au 56e R.I.C.

(novembre) : Participe, au front des combats, à la bataille de Dobromir.

1917 / (15 mars) : Nommé, en Égypte, conseiller de François-Georges Picot pour les Affaires arabes et ottomanes.

(11 décembre) : Entre dans Jérusalem aux côtés de T.E Lawrence. Pèlerinages aux lieux saints.

1918 / Se partage entre activités politiques, diplomatiques, savantes et spirituelles, au Caire, à Rome et à Paris. Contacts avec les milieux sionistes en Palestine.

1919 / (septembre) : Participe aux débats entre Clémenceau et Fayçal, avant de rédiger en janvier suivant l’accord Clemenceau-Fayçal. 

1919-1920 / Chargé de mission par Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, pour une enquête sur le statut syrien. 

1927 / Nommé à la Commission interministérielle des affaires musulmanes au Quai d’Orsay et chargé de rédiger un rapport pour le centenaire de la colonisation de l’Algérie.

1938 / (septembre) :  Lors de la mobilisation partielle, incorpore le 51e régiment d’infanterie coloniale. Dans l’entre-deux-guerres, a été élevé au grade de capitaine de réserve, puis ayant atteint la limite d’âge, devenu chef de bataillon.

1939 / (avril) : représente la France, avec le général Weygand, au mariage du shah d’Iran, Mohammed Reza Pahlavi.

(septembre) : Affecté à l’état-major des Armées, section Outre-Mer, devient adjoint du colonel chargé de l’Orient et de l’Afrique à l’état-major des armées, section Outre-Mer. 

(décembre 1939-février 1940) : Mission en Orient avec le général Weygand et Henri Ponsot.

1940 / (juin) : Repli à Bordeaux avec le secrétariat à l’Outre-Mer, il souhaite rejoindre l’Afrique du Nord, mais Weygand refuse.

(28 juin) : Au dépôt de Mont-de-Marsan, il refuse de « rendre les clés » de la ville de Dax aux Allemands (« C’est mon seul acte de “résistance” nationale »).

(fin juillet) : Démobilisé, retour à Paris sous l’Occupation.

1945 / (janvier à août) : Chargé par le Général de Gaulle, au nom de la France, dans tout l’Orient, d’une vaste tournée de reprise de contact et de relance des échanges culturels.

1959 / (août) : Congrès mondial des Anciens Combattants à Aahrus (Danemark).

MP